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les crises : périodes fiévreuses et malsaines. Il est vrai que ceux pour qui la vie réelle est mauvaise peuvent se retirer au désert, et, dans leur solitude intérieure, conserver un autel à leur culte proscrit.

Si de cette solitude j'élève aujourd'hui la voix, ce n'est pas qu'il me reste quelque illusion sur la valeur de mes essais. Les vers que j'ai réunis dans ce volume ont été composés à des époques assez anciennes pour que j'en voie les imperfections comme s'il s'agissait d'une œuvre étrangère ; mais, soit indifférence, soit lassitude, je ne les ai corrigés qu'en partie.

Prométhée délivré est une œuvre de jeunesse, on le verra sans peine. Je le reproduis, sauf quelques modifications dans la forme, tel qu'il a été écrit il y a dix ou douze ans. Je croirais faire injure aux lecteurs d'Eschyle en leur expliquant le sens du mythe contenu dans son Prométhée enchaîné. Tout le monde sait qu'Eschyle essayait de relever le culte pélasgique des Titans, qui n'avait jamais été complètement abandonné chez les autochtones de l'Attique. Son Prométhée symbolise le génie humain