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ennemies, et dans le monde idéal la grande paix des dieux. La science admet plusieurs infinis, l'art reconnaît les caractères de la beauté dans Homère et dans Shakspeare, dans Rembrandt et dans Phidias ; pourquoi la foi n'aurait-elle pas plusieurs types divins, régnant sans ombrage dans des cieux différents ?

Les idées pures, ces types qui vivent indistincts, latents, virtuels au sein de la Nuit primitive, mère des dieux, né peuvent se révéler qu'à la condition de s'incarner dans une forme qui les détermine, qui les limite. La forme unit la matière et l'esprit, elle est la parole qui donne un corps à la pensée, le médiateur entre le fini et l'infini. Aux époques mystérieuses de ces révélations premières, l'union est intime et complète ; les idées se présentent sous les expressions qui peuvent le mieux les rendre, les opérations de l'esprit se traduisent par des images palpables, les dogmes s'énoncent en symboles, les dieux ont un corps. L'éloignement de notre époque pour tout ce qui ressemble à de la poésie nous empêche de chercher l'origine et le sens de certaines métaphores : pourquoi tous les peuples et tous les âges ont-