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Le soleil s’éveillait sous les nuages roses,
Et, dans chaque perle où son disque luit,
Au calice entr’ouvert des fleurs à peine écloses
Buvait lentement les pleurs de la nuit.

Aux bois où les chevreuils ont de fraîches retraites,
Sous les verts taillis tout peuplés d’oiseaux,
Les eaux vives, sortant de leurs grottes discrètes,
Glissaient à travers les frêles roseaux.

L’air matinal, chargé de brumes transparentes,
Mêlait aux parfums vagues et flottants
Ce frémissement clair de musiques errantes
Qui sort du gazon les jours de printemps.


                              * * *

Aujourd’hui, j’ai revu cette douce vallée,
Mais je l’aimais mieux dans mon souvenir.
Elle m’a semblé triste et nue et désolée ;
Il eût mieux valu n’y pas revenir.