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L’église à ces accents s’ébranle ; la nef sombre
Tremble sur ses piliers, et des oiseaux sans nombre,
Avec les chérubins sculptés aux pendendifs,
S’en volant vers le ciel, poussent des cris plaintifs.
Le contour vacillant de la voûte étoilée,
Comme au miroir d’un lac une image troublée,
Comme un palais magique en un rêve trompeur,
S’efface et fond en vague et bleuâtre vapeur.
Tous les saints des vitraux, tous les anges des voûtes,
Dispersés dans les airs, volent par mille routes,
Et, suivant du regard leur fuite, Euphorion
Entend tomber sur lui leur malédiction :

Sois maudit ! Tu voudrais porter le poids du monde,
Tu voudrais arracher l’image du saint lieu,
Tu voudrais vaincre Dieu !
Sois maudit ! Dans la nuit éternelle et profonde,
Tu fuiras, à travers la vague immensité
Sans cesse ballotté.