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Et les grands sapins noirs aux rameaux éplorés.
Les pâles horizons par la lune éclairés
S’enveloppent d’épais brouillards par intervalles,
Et la neige, chassée au souffle des rafales,
Étend son blanc linceul, froid manteau des hivers,
Sur la plaine, les monts et les grands bois déserts.

C’est là, loin de la vie et loin des bruits du monde,
Sous les abris discrets de la forêt profonde,
Que se cache aux regards l’église où, prosterné,.
Le peuple saint s’écrie : « Un enfant nous est né ! »
Ainsi qu’un bois touffu, les frêles colonnades
Inclinent leurs rameaux et croisent leurs arcades ;
Comme autour des vieux troncs, le lierre glisse autour
Des piliers élancés et des flèches à jour,
Et, comme des sapins, les aiguilles gothiques
Dressent dans le ciel gris leurs ombres fantastiques.
Écoutez ! l’orgue saint mêle ses mille voix
Au bruit du vent d’hiver qui gronde dans les bois.