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Quelquefois, à genoux pendant un jour entier,
Elle écoutait la voix qui parle aux solitudes.
Il lui semblait alors qu’à force de prier
Sa croix était moins lourde et ses combats moins rudes,
Et même elle y trouvait une amère douceur.
Mais un jour elle lut un billet de sa sœur :

« Blanche, plains-moi, je meurs écrasée, abattue
« Par le mépris du monde. Oh ! depuis quelques jours,
« Je connais bien l’amour, l’abandon qui nous tue,
« La jalousie ! O Blanche, ignore-la toujours !
« Je reviens au couvent, chercher, non l’espérance,
« Mais le calme et le droit de pleurer en silence.

« Pour une erreur d’un jour, j’ai tant souffert, hélas !
« Que Dieu m’accordera mon pardon, je l’espère… »
Blanche jeta la lettre et ne l’acheva pas :
Elle était arrivée au haut de son calvaire.
La revoir ! mais le cœur en deuil, portant sa croix,
Triste, flétrie, au lieu de l’ange d’autrefois !