Page:Ménard - Poëmes, 1863.djvu/154

Cette page n’a pas encore été corrigée


— Le cortège fatal de leurs tentations
Poursuivait, répond Blanche, au fond de leurs retraites,
Les pères du désert ; les folles passions
Du monde, ses plaisirs éphémères, ses fêtes,
Valent bien, pour les cœurs inquiets et troublés,
Les rêves énervants dont ces murs sont peuplés.

Pardon ! je blasphémais ces pieuses demeures.
Mes sœurs, que Dieu bénit, sont heureuses ; toujours
Pour elles la prière emplit les chastes heures.
Un ange aussi jadis a veillé sur mes jours,
Et, la nuit, je voyais la Vierge immaculée
Qui me montrait ma place à sa cour étoilée.

Mais à ces visions du ciel j’ai dit adieu ;
Un rêve de l’enfer m’embrase et me pénètre :
J’aime comme jamais je n’avais aimé Dieu !
— Confiez-vous en lui, mon enfant, dit le prêtre.
Quoiqu’il ait fait du cloître un port tranquille et sûr,
Il ne condamne pas l’amour dans un cœur pur.