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Sans désirs, pendant la nuit dangereuse,
Ils marchaient si seuls dans l’allée ombreuse,
Vierges, l’un de l’autre écoutant la voix,
Et puis regardant la lune onduleuse,
La lune onduleuse et les fleurs des bois.
Oh ! vivre un seul jour des jours d’autrefois !

Ils voguaient, voguaient sur les eaux discrètes
Qui germent au fond des grottes secrètes.
Elle dit, ouvrant ses lèvres de miel :
L’azur sous nos pieds, l’azur sur nos têtes,
La nuit recueillant l’hymne universel,
Et toi près de moi, n’est-ce pas le ciel ?

Magique parfum des fleurs éphémères,
Magnétique attrait des coupes amères,
Poison du désir, chants fascinateurs,
Quels baisers valaient ces baisers de frères,
Sur le ruisseau bleu, plein de bruits rêveurs,
Miroir diaphane où tombaient leurs pleurs ?