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Pour avoir passé jadis sur la terre
Sans vouloir ouvrir nos cœurs à l’amour,
Nous ne pouvons plus vivre à la lumière ;
Nos ailes fondraient en vapeur légère
Aux rayons du jour.

Le jour, nous volons, troupe virginale,
Aux champs de la lune, éclatants de lis,
Où, semant leurs lits de nacre et d’opale,
Les ruisseaux d’argent teignent leur flot pale
Des reflets d’Iris.

Et puis, quand vient l’heure où le ciel se dore,
L’heure des baisers, sur un rayon blanc
Nous laissons glisser notre aile sonore,
Et nous nous baignons dans l’air tiède encore
Sur le lac tremblant.

Nous chassons du lit des vierges candides
Les songes d’amour, enfants de minuit,