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sciemment les lois dont parle Anligone. ces lois primitives, écrites dans la conscience humaine. Les dieux mêmes y sont soumis, ou plutôt ils sont eux-mêmes les lois de la nature et de l’esprit, ils sont l’ordre et la proportion de l’univers, ces dieux de l’harmonie incarnés dans le marbre, en vain blasphémés depuis par l’impiété des races bar bares, et qui ont révélé au monde l’idée du droit dans la politique, l’idée du beau dans l’art ; dieux indulgents, qu’on honore par le culte libre et fa cile de l’amour, comme il convient aux dieux de la beauté.

Hélas! qu’il est court ce printemps bienheu reux de l’humanité, cet âge toujours regrettable de l’adolescence du monde ! Le lendemain du bonheur est d’une morne tristesse :

Surgit amari aliquid medio de fonte leporum.

Le jour vient où la jeunesse, couronnée de fleurs, préfère aux faciles plaisirs de l’inconstance les angoisses d’un exclusif et sombre amour. Nos forces se sont usées dans la lutte, il nous faut le