Page:Ménard - Poëmes, 1855.djvu/18

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cette croyance disparaisse chez les races vieillies. La foi au progrès indéfini est le seul dogme de notre époque. C’est cette foi qui légitime les ré volutions et entretient l’activité humaine ; nul n’en peut contester la grandeur. Est-il impossible de concilier la contradiction qui semble exister entre ces deux croyances, et n’y a-t-il pas toujours et simultanément progrès d’un côté et décadence de l’autre ?

Il y a dans chaque civilisation en particulier, et dans l’humanité en général, des phases et des évolutions qui représentent celles de la vie hu maine individuelle. Cette homologie du tout et de la partie est la grande loi de l’histoire qui répond à la loi du clivage en minéralogie. Aux pâles flam beaux de la tradition et de la légende, nous voyons des races puissantes grandir et disparaître. Ces races, étudiées isolément, ont eu leurs périodes de maturité et de vieillesse ; mais, comparées à celles qui les ont suivies, elles représentent l’en- fance de l’humanité. Avec cette vitalité puissante, cette confiance infinie de l’enfant dans l’avenir, elles creusent les montagnes et taillent le granit en