goutes d’eau bénite, et je me tairai ; c’est une formule d’exorcisme à la portée des simples.
Moi (un peu honteus de ma sortie). Je ne crains pas la discussion, mais je crains la Bastille ; nous somes ici dans un lieu public, et la police a des oreilles partout.
Lui. Et vous vous prétendez débarassé du moyen àge ?
Moi. Vous devez bien vous apercevoir vous-mème d’un petit progrès : on ne brùle plus qe rarement vos amis les sorciers.
Lui. Mais on empèche de parler ceus qi ne pensent pas comme tout le monde.
Moi. Ce n’est pas ma faute, je vous prie de le croire : continuons, car je ne veus pas vous laisser maître du champ de bataille ; seulement parlons plus bas. Je soutiens qe la créacion suppose une intelligence souveraine, q’avez-vous à répondre ?
Lui. Rien : l’ouvrier s’apèlera Dieu si son œuvre est bone ; si èle est mauvaise, nous le nomerons le Diable ; s’il i a du mal et du bien, nous soupçonerons une collaboracion.
Moi. J’aurais dû me douter qe vous étiez manichéen. Mais après avoir nié mon existence et cèle de Dieu, vous n’espérez pas me faire croire à la vôtre ?
Lui. Je ne vous i force pas, mais je vous prie de m’expliquer le mal.
Moi. La douleur est une conséquence nécessaire de la sensibilité fisiqe, le vice est une conséquence nécessaire de la liberté morale.
Lui. Vous voilà revenu à cète nécessité qe les anciens plaçaient au-dessus de tous les Dieus. Qe devient alors la toute-puissance divine ?
Moi. Elle n’est limitée qe par l’absurde : il n’i a