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LE DIABLE AU CAFÉ


Ce dialogue a été publié sous le nom de Diderot.


Je ne sais pas s’il existe, mais je crois bien l’avoir rencontré au café Procope. Il i vient souvent et ne parle à personne ; seulement, qand il i a une conversacion animée, il est toujours de ceus qi font le cercle pour écouter. Sa figure n’a rien d’extraordinaire ; il ressemble à tout le monde, et je n’aurais pas fait attencion à lui, si je ne l’avais vu tenant à la main un petit écrit qe j’avais publié le matin même. Je suis toujours bien disposé pour qiconqe lit mes œuvres, fût-ce l’ènemi du genre umain. Le diable prend souvent les auteurs et les famés par la vanité.

— Vous croyez donc au Diable ?

— Je crois à tout, il ne faut qe s’entendre sur les termes ; il y a fagots et fagots.

Pensant q’il ne me conaissait pas, je cédai, come le sultan des Mile et une Nuits, au désir d’entendre incognito un jugement sur mon compte, et, m’asseyant à sa table :

Ah ! ah ! lui dis-je, voilà une brochure nouvèle ; est-ce bon ?

— Ce n’est pas ce qe vous avez fait de mieux, répliqa-t-il ; il y a qelqes idées justes, mais èles sont bien clair-semées.

Je fus piqé de cète critiqe, et surtout d’avoir