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DIS MANIBUS Il i a dis-uit cents ans, les crtiens passaient pour des impies, parce q’ils refusaient de sacrifler aux Dieus de rempire. I1 en sera toujours ainsi pour ceus qi ne reconaltront pas la religion oficile. Aujour- d’ui, le peuple de Paris passe pour irreligieus. Les pratres lui dtplaisent parce q’il les a toujours vus du c6t de ses nemis politiqes. I1 n’aime pas la monarchie, et il ne voit pas pourqoi on en laisserait une dans le ciel. I1 dit volontiers avec Blanqui:

Ni Dieu, ni maitre.  Ih bien, malgri cela, le peu- 

pie de Paris est le plus religieus de tousles peuples. Sa religion c’est le culte des morts. C’est/ Paris qe s’est dtabli l’usae de se dcouvrir derant un cer- cueil. Tousles ans, au comencement de ce triste et brumeus novembre, bien choisi pour une Fete funbre, la louie envahit les cimetires, spontanment, sans convocacion, sans pratres, sans solahires. On se dis- perse dans le ddale des pires funraires, et ehacun cherche ses tombes pour i dposer l’ofrande de penses et de crisantmes, les dernires fieurs de l’autone. C’est la religion des families. Bien souvent, l’intd- rt a divis les frres; on ne se parhit plus: chacun est renu de son clit aporter sa courone, et derant la tombe des vieus parents on se rencontre et on se tend la main. C’est la religion des orfelins: l Viens 2I