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l’ascétisme crétien et paien

Il répondit : « Ce n’est pas la matière que j’adore, c’est la forme. Homère dit qe la beauté est un présent des Dieus; Platon dit qe c’est la révé1acion éclatante du divin. Pour convaincre, èle n’a q’à paraître; il n’i a devant èle ni sceptiqes ni atées : on ne discute pas, on tombe à genous.

— La beauté, dit-èle, c’est un piège des Puissances cosmiqes pour nous employer à leur œuvre créatrice en faisant descendre les àmes dans la naissance. Les àmes sont des étincèles du feu céleste tombées de la voie lactée dans les eaus fangeuses de la matière. Èles ont bu l’ivresse de la vie dans la coupe de Dionysos, et alors, les foles ! èles se changent en désirs ailés et èles voltigent, dans un rayon de printemps, des lèvres du jeune ome aus lèvres de la jeune fille, et èles nous supplient de les cueillir dans un baiser pour leur doner un corps. Non, laissons-les dans leur ciel, dans la glorieuse républiqe des Dieus. A peine au-dessous de la lune, leur ivresse va se dissiper, et èles regrèteront la céleste patrie. Mais il est trop tard; leu ailes se sont desséchées aus miasmes de la tère. Il faut q’èles expient l’erreur sensuèle d’avoir voulu naître, et q’èles lutent sans trève dans cète arène de la vie ou la pène est la rançon du plaisir, car èles ne peuvent plus remonter aux étoiles qe par le chemin escarpé de la douleur, du sacrifice et de la mort. »

L’enseignement spiritualiste d’Hypatia était pour l’Eglise crétiène une concurrence dangereuse. L’evêqe d’Alexandrie, saint Cyrille, ameuta contre la jeune fille une troupe de fanatiqes qi la trainèrent dans les rues et la déchirèrent à coups de couteau.