Page:Ménard - Poèmes et Rèveries d’un paien mistique, 1895.djvu/313

LKTTRg D’UN MANDAItlN fait soufi’ir volontairement aucune des cr6atures vivanes, et qi lesembras. saittoutes, sans distinxion, .dans son inpuisable et universle charitY. Cbte charit6 boufldhlqe, qi s’6tend aus animaus, vous parair trs ridicule, car vous n’admtez pas qe l’ome air deg devoirs envers ses frres inf6rieurs. Peut-btre la conscience n’est-le pas la mme en Orient et en Occident. Bien des choses me le font crain- <he. Vous tes iraplacables pour les vaincus dans les lutes civiles, mais vous tes pieins de tendvesse pour les criminels de droit comun; la peine de mort vous r6pugne, except6 en matire politiqe, et alors l’a- doucissement des mceurs vous suggbre des euf6mis- mes: les assassinats de prisoniers ne sour plus qe des ex6cucions sommaires, et le progrs des sciences vous permet de reinplacer la guillotine par une mitrailleuse. Votre juri trouve toujours des circons- tances attnuantes pour les parricides. ous avez des tr6sors d’indulgence pour les parents qi torturent leurs enfants: ils en sont qites pour qelqes mois de prison. IIne se passe gure de semalne sans qe les journaus racontent qelqe orrible istoire d’enfants marhrs et Ils ne manqent pas d ajouter qe la police a eu toutes les peines du monde empacher le peu- pie de lyncher ces scrats, coupables du plus lche de tousles crimes. On ne prendrait pas rant de pr6- caucions pour prot6ger un insurg6 contre les furcurs bourgeoises, les coups d’ombrles des bles dames, les doups de cane des jolis messicurs. I1 est vrai qe si l’insurrexion r6ussit, les rebles devinent des h6ros de Jul!let, et vous gravez leurs noms sur une colone de bronze. Car vos jugements se modifient dans un sens ou dans l’autre, qand vos intrts sont en jeu: vous vous indignez conire Orsini, mais vous