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Vous couronniez leurs fronts et vos femmes si fières
Bâtaient des mains, et croyant voir
Ces cosaques maudits, chers jadis à leurs mères,
Agitaient vers eux le mouchoir.

Et puis le lendemain de la victoire impie
L’insulte et la délation,
Après l’assassinat, la lâche calomnie,
L’implacable proscription.

Corne ils ont bien d’avance absous nos représailles
Quand nos bras seront déchaînés,
Pensons aux morts : il faut de grandes funérailles
A nos frères assassinés.

Ce sera votre tour, pas de pardon, nos maîtres,
Nos représentants, nos élus,
Vil troupeau d’assassins, de lâches et de traîtres
A genoux, malheur aux vaincus !

Le jour de la justice est venu : pas de grâce,
Ni prières, ni repentirs
Ne vous empêcheront de baiser chaque place
Où coula le sang des martyrs.

Toi, l’aveugle instrument de leur froide colère,
Vis, d’exécration chargé.
Pourvu qu’à ton chevet le spectre de ton frère
Se lève, le peuple est vengé.

Vous serfs de tout pouvoir, automates stupides,
Bourreaux au meurtre condamnés
Qui tournez sans remords vos armes parricides
Contre vos frères enchaînés,