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autres pièces de vers se trouvaient dans l’édicion précédente, depuis longtemps épuisée, dont la préface se terminait par les lignes suivantes : Je publie ce volume de vers qi ne sera suivi d’aucun autre, come on élèverait un cénotaphe à sa jeunesse. Q’il éveille l’atencion ou q’il passe inaperçu, au fond de ma retraite, je ne le saurai pas. Engagé dans les voies de la science, j’ai qité la poésie pour n’i jamais revenir, et si, contre mon atente, la critiqe jète les ieus sur ce livre, èle peut le considérer come une œuvre postume.

Mon atente n’a pas été trompée : la critiqe a gardé le silence sur mon livre, et je ne m’en plains pas ; il s’est écoulé tout de mème. Ce silence de la presse m’a rendu service en me détournant d’une voie sans issue. Des articles bienveillants, qand j’étais jeune, m’auraient peut ètre encouragé à faire d’autres poèmes, et je crois qe mon temps a été mieus employé. Je me suis plaée, comme je l’anonçais, sur le tèrain de la science, plus solide qe celui de la poésie. Ce volume, qi servira de prologue à mes travaus d’exgèse et d’istoire, obtiendra-t-il les sufrages des représentants atitrés de l’opinon publiqe ? Je ne le crois pas. S’ils s’ocupent de moi, leur jugement sera certainement défavorable. Pour peu q’on s’écarte des opinions reçues, on est condamné à la relégacion par les mandarins de la littérature ; pour les satisfaire, il faudrait se borner à répéter ce qe tout le monde sait ou croit savoir. La Critiqe filosofiqe ayant cessé de paraltre, mes paradoxes n’ont plus d’asile ; pour écrire dans les revues, il faut respecter les préjugés des classes dirigeantes. La Ville de Paris, en créant l’enseignement populaire supérieur a ouvert une tribune à la pensée libre, et j’ai pu exposer devant le peup]e,