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me suis égaré. Partant de cète donée stoïciène qe la passion est mauvaise en soi et se sent coupable, dès q’èle a cessé d’ètre inconsciente, j’ai gréfé l’ode de Sapfò sur une àme crétiène pour i faire germer le remords, qi est un élément de moralité estétiqe. Si je m’étais rappelé le mot d’Horace : Virginibus purique canto, je n’aurais pas cherché un motif de poème dans l’analise d’une déviacion morale, et je n’aurais pas pris la patologie pour de la psicologie.

Maintenant qe j’ai confessé mes erreurs, je prie la critiqe de m’épargner des reproches qe cète confession rend inutiles. J’aime mieus q’èle s’en tiène au silence indulgent qi lui a sufi pour me faire renoncer des tentatives trop ambitieuses. J’apèle seulement son atencion sur des pièces de vers de dimension plus modeste qi sont des essais de ritmes nouveaus. Je revendiqe surtout l’acouplement du pentamètre à émistiches avec l’alexandrin. Cète innovation, qi n’a pas été remarqée, m’a fourni une grande variété de strofes, dont les poètes, mes collègues, m’ont laissé le monopole. Les qestions de prosodie et les recherches de ritmes n’intéressent plus les gens de lètres, pas mème l’Université, qi a supprimé les vers latins dans les licées. J’avais raison de dire qe la poésie était une langue morte. on veut ètre compris, il faut parler en langue vivante.

C’est pour cela qe j’intercale parmi mes vers des dialogues en prose acueillis par mon ami Renouvier dans sa Critiqe filosofiqe et dans sa Critiqe religieuse. J’al fait aussi qelqes emprunts à mes cours de l’Hotel de Ville sur l’istoire de l’art et la simboliqe des religions. Ces divers articles n’ont aucun lien entre eus et ne forment pas une suite. Qelqes