(Ces vers sont tirés du Prologue d’une Révolution, ouvrage où j’ai raconté les fusillades de prisonniers en juin 1848. J’avais fait une enqète sur ces exécucions sommaires, qe j’apelais des assassinats, car je ne conaissais pas encore les euphémismes de notre langue. J’ai été condamné pour avoir dit ce qe tout le monde savait et dont persone n’osait parler, mais les faits dont le tribunal m’a défendu de fournir la preuve sont maintenant aqis à l’istoire. Je n’ai pas à me plaindre de cète condamnacion, qi m’a fait renoncer à l’étude de notre époqe pour m’ocuper des Grecs, nos maîtres et nos modèles en politiqe et en morale come en littérature et en art.)
Puisqe vos ènemis couronent d’immortèles
Le cercueil triomfal où reposent leurs morts,
Pendant qe, sans oneurs, entassés pèle-mèle,
Dans la fosse comune on va jeter vos corps ;
Recevez le tribut de nos larmes muètes,
Frères, nous suivrons seuls vos restes vénérés,
Et nous visiterons, pendant les nuits discrètes,
Le coin du cimetière où vous reposerez.
Mais non, dèrière vous nous marcherons sans larmes,
Car vous ètes tombés pendant les saints combats,
L’espérance dans l’àme et la main sur vos armes ;
Nous qi vous survivons, nous ne vous pleurons pas.