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qui vient déranger ses belles phrases éclata comme un tonnerre. Esprit étroit, ennemi de l’instruction qui gênait ses partis pris, rempli de cette sotte prétention qu’a l’esprit français de suppléer à la science par le talent, indiffèrent aux recherches positives et aux progrès de la critique, Bossuet en était toujours resté, en fait d’érudition biblique, à ses cahiers de la Sorbonne… Pour être juste, on doit ajouter que Bossuet n’était en tout ceci que le représentant de l’Église de France, et en quelque sorte le fondé de pouvoir de tous les défauts de l’esprit français. L’Église gallicane donna en cette occasion la mesure de sa médiocrité intellectuelle, de sa paresse pour la recherche, de son incurable pesanteur. Le coup fut décisif. Bossuet, assisté par La Reynie, tua les études bibliques en France pour plusieurs générations. Bientôt, la révocation de l’Édit de Nantes enleva le seul aiguillon qui donnât encore quelque activité scientifique au clergé catholique. La lutte des deux partis produisait de fortes études. Désormais la paresse l’emporte. La France verse absolument du côté de la littérature. L’Académie française et les gens du monde font la loi ; la science perd toute autorité. La France devient une nation composée de conservateurs nigauds et de spirituels étourdis ».

Voltaire est presque aussi maltraité que Bossuet par M. Renan ; car si l’un avait essayé d’étouffer l’Exégèse à sa naissance, l’autre en fit une arme de combat dans la lutte des partis.