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salut et la damnation, ou, comme dit la mythologie chrétienne, le Ciel et l’Enfer, il y a place pour le repentir et l’épuration de l’âme par le châtiment. C’est le châtiment qui réveille les consciences endormies : le coupable y a droit, car ayant la raison pour l’éclairer, il est susceptible d’amélioration. La grandeur de la peine lui fera comprendre l’énormité du crime ; la peine élève et purifie, et c’est pour cela que les Grecs nommaient les Déesses du remords et du châtiment les Bienveillantes. Dans le Dualisme iranien, il y a pour les plus grands crimes une amnistie finale ; le mauvais principe lui-même, Ahriman, se repentira et sera pardonné à la fin des temps. Sans généraliser ainsi la clémence et sans admettre le pardon des Diables, qui ne sont que la personnification des vices, le christianisme laisse à l’âme coupable un espoir d’amnistie dans la doctrine du purgatoire. Mais, de même que les Sadducéens rejetaient la résurrection dont ils ne trouvaient pas de trace dans leurs livres sacrés, les églises protestantes, enchaînées par le silence des textes, rejettent la croyance au purgatoire, tandis que l’église catholique l’accepte, sans toutefois abandonner l’éternité de l’enfer. La conscience publique a souvent protesté contre le dogme implacable des peines éternelles, qui semble un outrage à la pitié. Peut-être saisirait-on mieux cette théorie de l’irréparable si on la dépouillait de sa forme mythologique et si on lui en donnait une autre