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membres de la grande famille humaine. Les iniquités sociales sont collectives, chacun de ceux qui en profitent doit avoir sa part d’expiation, « un câble entrera plus facilement dans le trou d’une aiguille qu’un riche dans le royaume de Dieu ». Pourtant il y a des âmes immaculées ; il y a des justes qui n’ont pas un souvenir mauvais, pas une Érinnyes qui les accuse. Ils sont bien rares, mais il y en a. Ils n’ont rien à expier, mais il faut qu’ils souffrent pour les autres, puisqu’ils sont plus forts. Ils porteront le poids des péchés de leurs frères : ainsi l’équilibre sera rétabli, l’éternelle justice sera satisfaite. Tel est le sens du grand Symbole chrétien de la Rédemption, dont les origines remontent aux plus anciennes traditions mythologiques. Sonia chez les Aryas de l’Inde, Dionysos chez les Grecs, représentaient l’idée d’un Dieu qui s’offre en holocauste pour le salut des hommes. Le dernier né des races divines, l’Homme-Dieu, précise le caractère moral de ce sacrifice expiatoire. Il est l’agneau sans tache qui lave dans son sang les souillures du monde ; par ses souffrances et par sa mort, il rachète le genre humain de la damnation éternelle.


Le ciel et l’enfer.

Entre les deux pôles de la vie morale, la perfection absolue et la corruption définitive, le