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vaise, ne peut être que le Diable, souvent désigné dans l’Évangile sous le nom de Prince du monde. Accepter cette doctrine incompatible avec le Monothéisme, c’était renoncer à s’appuyer sur la Bible, qui ne connaît d’autre Dieu que le Créateur. Le Christianisme voulait être le couronnement de la religion juive et non sa négation. Dans l’embryogénie religieuse, la Gnose joua le rôle du cordon ombilical, qui alimente le fœtus pendant la gestation et qu’on supprime après la naissance. Toute la mythologie gnostique, avec sa riche floraison de fables disparut au souffle desséchant de l’orthodoxie, comme les fleurs d’avril aux premières giboulées. La grande assemblée, l’Église, écarta le problème du mal physique, de la douleur, par ce qu’on appelle en politique la question préalable. Sur la question du mal moral, elle admit le péché originel, c’est-à-dire l’hérédité du vice, qui est un fait physiologique, sans essayer de le concilier avec la justice divine : la conception est une souillure dont une seule créature est exempte, la mère du Sauveur ; elle est seule immaculée. Au lieu de résoudre le problème de l’atavisme on l’élude par la cérémonie du baptême, premier acte de l’initiation chrétienne : si l’enfant a reçu avec le sang quelque instinct mauvais, héritage de ses parents ou de ses ancêtres, que cette tache originelle soit lavée ; une éducation morale et religieuse triomphera de l’hérédité du mal. C’est ce qu’exprime symboliquement l’eau lus-