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appartient à la nuit. Saint Paul ordonne aux femmes de se voiler à cause des Anges, car la beauté des filles de Caïn a séduit les Égrégores et causé la damnation du monde. De là est sortie la race carnassière des Géants, et toute chair ayant corrompu sa voie, il a fallu noyer la terre dans les eaux du déluge.

Les chrétiens gnostiques essayaient d’expliquer l’origine du mal sous son double aspect, la douleur et le péché. La question du mal physique est bien autrement difficile que celle du mal moral. Ce qui accuse la Providence, ce n’est pas le péché, puisqu’il est notre œuvre ; ce n’est même pas la douleur de l’homme, qui n’est qu’une épreuve nécessaire pour exercer son courage, comme l’ont si bien dit les Stoïciens : c’est la douleur des êtres inconscients et impeccables, des animaux et des enfants. Avant qu’il y eût des hommes sur la terre, la vie s’entretenait comme aujourd’hui par une série de meurtres : il y avait des dents aiguës et des griffes acérées qui s’enfonçaient dans les chairs saignantes ; qui osera dire que cela est bien ? Avec une hardiesse de pensée qui n’a pas été égalée, si ce n’est peut-être par le Bouddhisme, les grandes écoles de la Gnose cherchèrent la source du mal dans la création du monde matériel : puisque ce monde est mauvais, le Démiurge ne peut être bon ; ce n’est qu’une puissance subalterne et maladroite, très inférieure au Dieu du monde moral, qui est le Bien.