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Esséniens. Il n’était pas difficile à la Gnose chrétienne de les retrouver dans la Bible au moyen du système d’allégories mystiques inauguré par Philon : on pouvait voir dans l’Éden l’état des âmes avant l’incarnation, dans le serpent l’attrait pernicieux du désir et de la curiosité sensuelle qui attire l’âme dans la matière et la soumet à l’esclavage du péché ; les vêtements de peau faits par Iahweh pour Adam et Ève sont une allégorie du corps terrestre.

La tache originelle devient la punition, non d’une faute antérieure à la naissance, mais de la naissance elle-même. Il faut que les âmes expient l’erreur sensuelle d’avoir voulu naître et se séparer de l’unité primordiale. Séduites par l’illusion funeste de la beauté, courbées sous le joug humiliant du désir, elles savent bien que la volupté est une chute et la conception une souillure. Captives dans la prison du corps, elles cachent, sous le voile mystique de la pudeur, la honte de leur incarnation et l’impureté de leur naissance. Pourquoi te caches-tu ? Comment sais-tu que tu es nu ? Pourquoi ces rougeurs involontaires au seul nom de la volupté ? C’est la source de la vie, la base de la famille, et on rougit d’en parler, pourquoi ? c’est que la naissance des êtres est un mystère, c’est le secret des Anges Démiurgiques, et le silence est la loi de toute initiation. Le chemin de l’arbre de vie est gardé par le Kéroub à l’épée flamboyante : la lumière souillerait ce qui