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Qu’il est loin, ce paradis de virginité pleurée où il n’y avait pas de remords ! Maintenant voilà l’homme condamné au travail, au dur travail sur soi-même, à la perpétuelle nécessité de choisir entre la passion et le devoir. Deux routes s’ouvrent devant lui, l’une mène au salut, l’autre à la perdition, l’une au ciel, l’autre à l’enfer : pourquoi repousserions-nous ces expressions mythologiques qui rendent si clairement la pensée ? Le ciel c’est la perfection morale ; on voit Dieu face à face, puisque Dieu c’est le bien absolu. L’enfer c’est la corruption définitive : à force de choisir le mal, on perd jusqu’à la notion du bien ; c’est ce que la langue mystique appelle haïr Dieu. En se faisant de l’accomplissement du devoir une telle habitude qu’on devienne incapable d’une infamie ou d’une lâcheté, on sera au-dessus de la tentation. Si nous arrivions à cette sécurité dans le bien qui nous mettrait à l’abri de la moindre faute, nous serions rachetés de l’esclavage du péché, de l’empire de la mort, car le péché est la mort de l’âme. Comment arriver à cette rédemption ? Par la lutte incessante contre soi-même, par le sacrifice de toutes nos passions égoïstes au bonheur d’autrui. Cette abnégation sans réserve unit l’homme à Dieu, c’est-à-dire au bien absolu. Subordonner toutes ses actions à la loi morale qui se révèle dans la conscience, c’est ce qu’on appelle aimer Dieu par-dessus toute chose. Le type de cette vertu suprême s’appelle