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fois la femme et la vie civilisée, car sans l’industrie, l’homme aurait sa femelle comme les animaux, mais la femme est une œuvre d’art. Ornée de tous les dons des Dieux, « aimant le luxe, et détestant la dure pauvreté », elle condamne l’homme au travail, et fait sortir de sa fatale amphore tous les maux inconnus à la vie sauvage : la naissance de la femme est la rançon de la conquête du feu.

La pensée du symbole biblique est la même, mais la forme est si différente qu’on ne peut, ni d’un côté ni de l’autre, supposer un emprunt. Pour les Grecs, le commencement de la civilisation c’est l’emploi du feu et le travail de l’argile plastique : pour les Juifs, c’est le labourage et l’industrie du vêtement. Dès que l’homme et la femme ont mangé du fruit défendu, ils s’aperçoivent de leur nudité et sont saisis de crainte, car cette nudité est une faiblesse et un danger. C’est aussi une laideur, car la pudeur est une forme de la honte : on voit ici le germe de la pensée gnostique que le corps est une souillure originelle. Le Dieu Iahweh condamne l’homme au travail de la terre, la femme à la sujétion et leur fait des vêtements de peau : le vêtement est pour L’homme une défense, pour la femme un voile. Cela est bien loin des Grecs, adorateurs de la beauté, qui, dans leurs statues, donnent aux Dieux et aux héros la nudité des gymnastes. Le héros ne craint aucun ennemi, aucun danger ;