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flamme de l’épée tournoyante pour garder le chemin de l’arbre de vie. »

Lorsqu’on lit les deux morceaux placés à la suite l’un de l’autre au commencement de la Bible, on se demande d’abord pourquoi le Créateur y est désigné par deux noms différents ; cette question n’a pas encore reçu de réponse satisfaisante. Quoique le nom d’Élohim soit un pluriel, le verbe est au singulier : c’est que les hébraïsants appellent un pluriel de majesté. Mais M. Havet fait remarquer que cet idiotisme même a besoin d’être expliqué. L’explication la plus naturelle, selon lui, est qu’Élohim a été à l’origine un pluriel véritable, que les Israélites ont commencé par invoquer les Dieux, et il trouve dans la Bible plusieurs traces de ce polythéisme primitif. Une des plus curieuses est précisément dans le morceau iahwiste qui vient d’être cité, quand le Dieu Iahweh dit : « Voici que l’homme est devenu comme un de nous. » Dans ce passage, Iahweh peut être le premier des Dieux, mais il n’est pas le Dieu unique : S’il était seul de son espèce, au lieu de dire « comme un de nous », il dirait « comme moi ».

Outre la différence des noms divins, il y en a une aussi importante dans le ton de chacun de ces récits. « Dans le premier morceau, dit M. Reuss, la notion de Dieu est des plus élevées : il parle, et aussitôt les choses existent, parfaites, comme il les a conçues et voulues.