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questions religieuses, à se placer sur le terrain de l’exégèse biblique, et son style a plus contribué à ce résultat que la lourde érudition des Allemands. La science de M. Renan sera contestée en Allemagne, où on trouve léger tout ce qui n’est pas lourd, mais son succès en France, il le doit moins à ses idées qu’à la manière dont il les exprime : la littérature n’est donc pas aussi méprisable qu’il le dit. Au reste, malgré sa mauvaise humeur contre l’esprit français, M. Renan a la bonne foi de reconnaître que la France, qui avait eu la gloire de fonder l’exégèse biblique, eut encore l’honneur de lui imprimer une direction féconde, dont la génération suivante a su tirer profit. Jean Astruc, médecin français, publia en 1743 un essai intitulé : Conjectures sur les mémoires originaux dont il paraît que Moyse s’est servi pour composer le livre de la Genèse. On voit par ce titre qu’Astruc attribuait ou faisait semblant d’attribuer à Moyse la rédaction du Pentateuque, selon une opinion qui était générale de son temps. Mais il essaya de montrer que Moyse, en composant la Genèse, n’a fait que partager par morceaux les mémoires anciens qu’il avait entre les mains et les mettre bout à bout. Il prouve sa thèse par les répétitions et les contradictions, par les dates interverties, et surtout par l’alternance du nom du Dieu des Juifs, que la Bible appelle tantôt Elohim, tantôt Iahweh. (On prononçait alors Jéhovah).