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Pour l’école allemande, à laquelle M. Renan tient à se rattacher, le tort de Voltaire est de faire de la science sans pédantisme : « Je ne dis pas qu’au milieu de tout ce radotage, étincelant d’esprit, qui remplit le Dictionnaire philosophique et l'Essai sur les mœurs, il n’y ait des détails traités avec bon sens ; mais rien n’est déduit d’une manière savante, les questions sont mal posées, ce sont des à peu près de conversation, des vues rapides d’homme du monde, parfois justes, parfois hasardées, jamais fondées sur de solides recherches. L’auteur a raison fort souvent, mais le ton général est mauvais. Hâtons-nous d’ajouter que ces fades plaisanteries, ce ton narquois, ces hypocrites protestations, ces traits à la dérobée, étaient la conséquence de l’intolérance du temps. Les seuls qui n’aient pas le droit de s’en plaindre sont les orthodoxes ; on avait rendu la franchise et le sérieux impossibles ; on récoltait ce qu’on avait semé. Après tout, ce n’est pas à nous qu’il appartient ici d’être sévères. Si Voltaire a fait de la pauvre exégèse, c’est grâce à lui que nous avons le droit d’en faire de la bonne ».

À travers les sarcasmes de M. Renan contre Voltaire, on voit qu’il finit par lui rendre justice ; mais il le fait de mauvaise grâce et il a tort. Comme Voltaire, M. Renan a trouvé moyen de rendre la science profitable au public en lui donnant une forme littéraire. C’est lui qui force aujourd’hui tous ceux qui s’intéressent aux