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expiatoire aux formules elles-mêmes, et par s’imaginer que les eaux lustrales suffisaient pour laver les souillures.

Les cultes mystiques furent la dernière forme de la pensée religieuse de la Grèce ; la religion et la philosophie se réconcilièrent dans l’orphisme. On trouve la formule philosophique du panthéisme dans quelques fragments dé l’école orphique qui nous sont parvenus ; en voici un que Stobée cite sous le nom de Linos :

« L’univers règle toutes choses selon les différences. Tout sort de l’univers, et l’univers sort de tout. L’unité est tout, chaque être est une part de l’unité, tout est dans l’unité. Car, de ce qui était un, sont sorties toutes choses, et de toutes choses sortira de nouveau l’unité par la loi du temps. Toujours un est multiple, l’illimité se limite sans cesse et persiste sous tous les changements. La mort, immortelle et mortelle à la lois, enveloppe tout l’univers se détruit et meurt, et sous les apparences mobiles et les formes passagères qui voilent à tous les regards ses métamorphoses, il demeure incorruptible dans son éternelle immobilité. »

De ces dogmes devait sortir une résignation austère qui convenait à la fatigue universelle des âmes :

« Ô univers, s’écrie Marc-Aurèle, tout ce qui te convient me convient ; rien n’est prématuré ni tardif pour moi dans tout ce qu’amènent tes heures ; tous tes fruits