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rites sacrés des deux déesses, afin de punir les criminels et de sauver ceux qui sont purs d’injustice. »

Les symboles mystiques se transformèrent comme tous les autres dans le cours des âges. Triptolème, qui est seulement nommé dans l’hymne homérique parmi les rois d’Eleusis, paraît avoir joué plus tard un rôle plus important ; on le voit souvent représenté dans les monuments, et surtout sur les vases, assis sur le char ailé de Déméter, traîné par des serpents : les deux déesses sont à ses côtés. Il fut même substitué à Minos, comme juge des morts, au moins dans les légendes athéniennes. Un autre personnage dont l’importance devint encore bien plus considérable, Iacchos, n’est pas nommé dans l’hymne homérique : son association avec les grandes déesses est donc postérieure à la rédaction de ce poème.

C’est probablement à l’époque où le culte d’lacchos s’introduisit dans la religion d’Eleusis que furent établis les petits mystères, ou mystères d’Agra, qui correspondaient aux Anthestéries, ou fêtes de Dionysos, comme les grands mystères étaient en rapport avec les Thesmophories. Car lacchos, le médiateur, l’initiateur mystique, n’est, comme Zagreus, qu’une forme de Dionysos. M. Alf. Maury le rapproche avec assez de vraisemblance, de lasios ou lasion, personnage associé à Déméter dans les légendes épiques. Rien n’est plus naturel que d’unir dans un même culte les principales divinités de l’agriculture,