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ment, la vie ne se prouvent pas, ils s’affirment. De même les symboles, qui sont l’expression humaine des lois divines, ne se démontrent pas, ils s’exposent, et la conviction descend d’elle-même dans les âmes préparées à la recevoir. Ce caractère se retrouve même dans les religions modernes : Jésus-Christ ne parle qu’en paraboles.

Les initiés n’étaient pas seulement spectateurs dans le drame d’Eleusis ; ils y jouaient un rôle comme le chœur dans les tragédies ; c’est du moins ce que semble indiquer le chœur des mystes dans les Grenouilles d’Aristophane. C’est, ainsi que dans les mystères du Moyen âge le peuple chantait des psaumes. De même aussi, pendant la messe, les assistants mêlent leurs chants aux cérémonies symboliques du drame de la Passion. Quelques usages qui se conservent dans l’Église grecque, par exemple celui de fermer les portes pendant certains actes du saints sacrifice rappellent le caractère secret des mystères de l’Antiquité. Ce n’est pas sans raison que les Grecs donnent le nom de mystères aux sacrements, et en particulier à l’Eucharistie ; le Kykéon, ce pain sacré de la communion primitive, était comme le saint sacrement des chrétiens, un signe sensible destiné à sanctifier l’homme. Les meurtriers et les impies étaient exclus de l’initiation ; on s’y préparait par le jeûne, en souvenir du deuil de Déméter, par une continence rigoureuse pendant la neuvaine sacrée, par une sorte de baptême dans la mer, et par tout un ensemble de purifications, que figuraient dans