sueur et l’épouvante. Mais après tout cela une merveilleuse lumière, et dans de fraîches prairies la musique et les chœurs de danse, et les discours sacrés et les visions saintes ; parfait maintenant et délivré, maître de lui-même et couronné de myrte, l’initié célèbre les orgies en compagnie des saints et des purs, et regarde d’en haut la foule non purifiée, non initiée des vivants qui s’agite et se presse dans la fange et le brouillard, attachée à ses maux par le crainte de la mort et l’ignorance du bonheur qui est au delà. »
Ce passage, conservé par Stobée, me semble un de ceux qui peuvent le mieux donner une idée de l’ensemble des mystères. Quant au sens de quelques formules, comme Konx Ompax, à la nature des objets sacrés conservés dans la corbeille mystique, et à tout le détail liturgique des cérémonies, il faut nous résigner à l’ignorer ; c’était en cela principalement que consistait le secret de l’initiation. Il fallait que ce secret fût bien peu de chose pour avoir été gardé par tant de gens ; les Éleusinies, réservées d’abord aux citoyens d’Athènes, devinrent peu à peu accessibles à tout le monde ; il suffisait d’être présenté par un Athénien. Les esclaves, exclus d’abord comme les bâtards et les étrangers, finiront par y être admis. Dans une comédie de Théophile, un domestique disait en parlant de son maître :
« C’est lui qui m’a fait connaître les lois grecques, qui m’a enseigné les lettres, qui m’a initié aux mystères divins. »
Les initiés ne formaient pas une aristocratie intellectuelle ; rien, absolument