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phorion. De même à Mégalopolis, il n’était permis qu’aux femmes d’entrer dans le temple et le bois sacré de Déméter. Mais le plus souvent, comme à Éleusis, on admettait des personnes des deux sexes, en imposant seulement le secret aux initiés.

J’ai rapporté d’après Pausanias les traditions qui faisait du sacerdoce d’Éleusis une propriété des Eumolpides. Les Athéniens avaient les Thesmophories, qui étaient chez eux une fête nationale, mais les Éleusinies étaient le patrimoine des Éleusiniens, le souvenir de leur ancienne indépendance. Le culte de Déméter était célébré par eux sous une forme spéciale qui en faisait un culte privé ; quiconque demandait à assister à leurs cérémonies, était dans la situation d’un étranger admis à une fête de famille, sous la condition toute naturelle de respecter le foyer de ses hôtes et de ne pas divulguer les secrets qu’ils lui confient. Violer ces secrets, c’était attenter à une propriété garantie par les lois, et c’était en même temps commettre un parjure, car ceux qui demandaient l’initiation s’engageaient par serment à un silence absolu. Toute profanation était poursuivie par les Eumolpides devant les tribunaux d’Athènes. L’histoire a gardé le souvenir de quelques procès de ce genre ; le plus célèbre est celui d’Alcibiade, accusé, avec Andocide et quelques autres, d’avoir parodié les mystères au milieu d’une orgie, à la suite de laquelle ils auraient en outre mutilé les