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père Poseidon. Peut être était-ce en souvenir d’une religion antérieure à la colonie thrace des Eumolpides. Mais cette vieille religion eut elle dès l’origine un caractère secret ? Il me semble qu’on pourrait, expliquer le silence d’Homère à cet égard, en se rappelant qu’à cette époque, primitive, où il n’y a pas encore de nations, mais seulement des familles, à peine groupées en tribus, où la distinction des cultes privés et des cultes publics n’existe pas encore, les cérémonies sont extrêmement simples et n’attirent pas d’étrangers ; on n’a donc pas à recommander le silence. Si dans ces fêtes champêtres la génération des plantes et des fruits est exprimée naïvement par des symboles empruntés à la génération humaine, personne ne songe à s’en offenser, ni à en rire ; l’enfant ne sait pas qu’il est nu, son innocence lui tient lieu de pudeur ; c’est aux approches de la puberté de la Grèce qu’ont dû commencer les mystères.

Pour conserver au culte de Déméter son caractère chaste et féminin ; on n’employa pas partout les mêmes moyens. A Hermione, personne ne pouvait voir ce qu’on gardait dans l’intérieur du sanctuaire de Déméter Chtonia, excepté les quatre vieilles femmes chargées d’offrir les sacrifices à la déesse. Les Athéniens, qui plus que tous les autres Grecs donnaient à la religion un caractère politique, et qui adoraient Déméter comme principe du travail civilisateur, sous le nom de Thesmophore, réservaient cependant aux femmes seules l’entrée du Thesmo-