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milieu des sacrifices allumés, ne te moque pas des choses secrètes, car le dieu s’offense de cela. »

Mais le sens de ce passage dépend du mot αιδηλα, dont les scholiastes donnent plusieurs explications différentes ; l’allusion est donc fort incertaine. L’hymne à Déméter est le plus ancien monument de la religion d’Eleusis, et quoiqu’il appartienne bien à l’école des Homérides, on s’accorde à le regarder comme une des dernières productions de cette école. On trouve le culte de Démèter sous sa forme probablement la plus ancienne chez les Arcadiens, dont les traditions remontent aux premiers âges de la Grèce. Ils adoraient la Terre sous le nom de Déméter la noire. De son union avec Poséidon naissaient le cheval Arion, qui semble comme Pégase une personnification des sources, et une déesse dont Pausanias n’ose pas dire le nom et qu’il appelle seulement Notre-Dame, Δεσποινα. Je suppose que ce devait être une déesse lunaire, Artémis ou Hécate, car on a toujours attribué à la Lune une action sur la végétation, sur la vie et sur la mort, et de là ses rapports avec la Terre ; comme elle paraît sortir des flots, on peut lui donner pour père Poséidon. On sait qu’Eschyle avait fait Artémis fille de Déméter et non de Léto ; c’est peut-être pour cela qu’il fut accusé d’avoir vidé le secret des mystères. Il paraît qu’il n’était pas initié, mais il aimait à ressusciter les traditions pélasgiques. Parmi les temples d’Eleusis, il y en avait un consacré à Artémis qui garde l’entrée, fonction qui la rapproche d’Hécate ou d’Eileithuia, et un autre au