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si chaque siècle n’avait reconnu la véracité de ses oracles ? — »

Cette affirmation unanime de l’Antiquité est remplacée aujourd’hui par une négation non moins unanime. L’humanité passe sa vie à brûler ce qu’elle a adoré, et les croyances mortes ont toujours tort au tribunal des générations vivantes. Si nous avions vécu trois mille ans plus tôt, nous regarderions comme d’évidentes vérités ce que nous appelons aujourd’hui des superstitions puériles. Rions à notre aise des opinions du passé, nos fils rirons peut-être un jour des nôtres. Chaque matin la science condamne les erreurs de la veille ; la vérité est devenue progressive, nous en avons fait une question de chronologie, et pour critérium nous prenons l’almanach. Cependant, vérité ou erreur, la foi valait encore mieux que le doute. Il y a des heures où l’ombre est bien épaisse, la pensée a parfois de mortelles défaillances ; bien souvent la raison de l’homme, et même celle des peuples, s’arrête indécise dans les carrefours de la vie et de l’histoire : s’il y avait encore des oracles, qui peut dire qu’il n’irait jamais les consulter ?