lui-même, qui était resté fidèle à cette religion, cite sérieusement un prétendu oracle, attribué non aux sibylles, mais à Apollon Clarien, et déclarant que Iaô est le dieu suprême.
Il ne faut pas confondre ces supercheries systématiques, affectant les allures de l’inspiration, avec des tentatives très sincères de divination scientifique. L’observation des signes, confondue d’abord avec l’inspiration prophétique, s’en était distinguée peu à peu. A la vérité Platon place le délire envoyé par les dieux bien au-dessus de l’étude raisonnée des présages :
« Personne, dit-il dans le Timée, ne peut prédire quand il a l’esprit sain, mais seulement quand la raison est entravée par le sommeil ou la maladie, ou ravie à elle-même, par une sorte d’enthousiasme. »
Mais il ajoute que l’esprit rentré en possession de lui-même, doit expliquer les visions aperçues ou les paroles prononcées dans cet état de surexcitation maladive. D’autres philosophes, comme l’empereur Julien, préféraient l’observation à cette inspiration directe, qu’on ne pouvait ni diriger ni produire à volonté. D’ailleurs, les oracles, fondés sur l’inspiration prophétique, avaient disparu, on n’y pouvait suppléer que par une interprétation réfléchie des présages. Ainsi entendue, la mantique était considérée comme une véritable science expérimentale, aussi bien que la médecine, ou la tactique militaire. On savait qu’un devin pouvait se tromper comme un médecin ou un général, on savait que toute science humaine est imparfaite, que nos conclu-