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Il cite aussi une prédiction de la bataille Aegos-Potamos par Musée et par la Sibylle, et un autre oracle Sibyllin d’après lequel la puissance macédonienne, fondée par Philippe, devait périr sous un autre Philippe. Ce nom de Sibylle, qui paraît d’origine asiatique, était appliqué à plusieurs prophétesses fabuleuses auxquelles, depuis la cessation des oracles, on attribuait une foule de prédictions. On fabriquait des livres sibyllins comme on avait fabriqué des poésies orphiques. Les Romains ont eu des recueils de ce genre celui qui nous est parvenu est l’œuvre des juifs et des chrétiens ; les parties les plus anciennes sont du temps des Ptolémées, les autres du temps des Antonins. C’est une glorification continuelle des dogmes monothéistes de l’Asie, une des formes de l’invasion des idées orientales en Grèce. A côté du système pseudohistorique d’Evhémère et de sentences copiées dans le poème moral qui porte le nom de Phocylide, se rencontrent de mauvaises imitations des prophéties hébraïques et des acrostiches sur le nom de Jésus-Christ. Les faussaires s’y trahissent de la manière la plus maladroite, et on s’étonne que des mensonges aussi évidents aient pu tromper quelqu’un. Il paraît cependant que les fraudes de ce genre réussissaient quelquefois. Lactance, qui invoque très souvent le témoignage des sibylles, paraît croire qu’il combat ainsi la religion grecque avec ses propres armes. Macrobe