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corps ; celles, qui secouent leur enveloppe de brume sont celles qui sortent de la vie ; celles qui montent, brillantes, vers les régions supérieures, sont les démons des hommes qu’on appelle les sages. Il est difficile de dire si ce récit, qui est fort long, est une pure fiction de Plutarque, si c’est une hallucination produite par un gaz stupéfiant, ou enfin s’il y avait là réellement quelque spectacle analogue à ceux qu’on voyait dans les mystères. Les purifications et les cérémonies qui précédaient la descente dans l’antre de Trophonios rappellent celles que pratiquaient les mystes, et le scholiaste d’Aristophane, en parlant de cette descente, emploie le mot initiation. La divination s’était transformée successivement comme les autres branches de l’Hellénisme ; l’oracle de Trophonios en représente la phase mystique ; comme les oracles d’Apollon répondaient à la période politique, l’oracle de Dodone à celle du naturalisme primitif. Il existait dans l’Antiquité des collections d’oracles rendus à différentes époques dans les sanctuaires les plus fameux : Chrysippe, Héraclide de pont, Porphyre, avaient fait des recueils de ce genre. Même au temps ou les oracles étaient dans tout leur éclat, il circulait en Grèce des prophéties qu’on attribuait à d’anciens devins. Thucydide parle de celles qui annonçaient la guerre dorienne et la peste d’Athènes. J’ai cité plus haut, d’après Hérodote, une de celles de Bakis sur la guerre médique. Pausanias mentionne une prophétie de Phaennis, annonçant l’invasion des Gaulois en Asie.