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vins célèbres en s’endormant près de leur tombeau, car le privilège qu’Homère attribue à Tirésias d’avoir conservé sa science prophétique après la mort avait été étendu aux principaux devins de l’époque héroïque. On s’endormait l’esprit déjà disposé à des visions, et cette disposition était en général favorisée par des influences physiques, telles que des eaux gazeuses ou des émanations terrestres. Le dessèchement d’un marais ou un changement dans les conditions du sol pouvait faire cesser l’oracle. Plutarque dit que l’oracle de Tirésias devint muet à la suite d’une peste qui désola Orchomène ; il ajoute qu’il arriva quelque chose de pareil en Cilicie. Dans les terrains volcaniques qui avoisinent l’Averne, en Italie, il y avait autrefois, selon Diodore de Sicile, un oracle des morts. Il en existait un autre en Thesprotie, sur les bords de l’Achéron, et, selon Pausanias, on retrouve dans ce pays le modèle des descriptions poétiques de l’enfer. En général les gouffres d’où sortaient des exhalaisons méphitiques passaient pour des portes du royaume de Hadès. Il y en avait près du cap Ténare, près d’Hermionè, près d’Héraclée, en Asie Mineure. Ces cavernes s’appelaient, Ploutonia ou Charonia, et l’imagination populaire y localisait les scènes d’évocation racontées dans l’Odyssée, ou la descente d’Héraclès chez les morts.