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peut-être aussi, à mesure que les races vieillissent, les organes sont-ils moins accessibles aux influences surnaturelles. Mais la principale cause de la défaillance des oracles, c’était l’affaiblissement des croyances. L’esprit fatidique de Pytho, c’était le souffle inspirateur qui s’exhale d’une terre libre, c’était le génie religieux de la Grèce républicaine, et les oracles devinrent muets quand la Grèce perdit sa liberté et qu’elle oublia ses dieux.

Depuis la chute des républiques, les peuples retombés en tutelle n’avaient plus à consulter Apollon sur leurs affaires, dont la direction ne leur appartenait plus. Mais les formes inférieures de la divination, celles qui ne s’adressaient qu’à des intérêts particuliers, survécurent au silence des grands oracles. Ainsi on continua toujours à consulter Asclépios et les autres divinités médicales pour la guérison des maladies. En général, ces divinités faisaient connaître leurs réponses par des songes. Les malades s’endormaient dans le sanctuaire, et le dieu leur indiquait les remèdes, qui devaient les guérir. Les prêtres d’Asclépios, qui étaient médecins, y ajoutaient peut-être un traitement thérapeutique, et la foi opérait des guérisons, comme dans toute autre consultation médicale. Plusieurs auteurs ont parlé de ces guérisons miraculeuses, notamment le rhéteur Aristide, et on a retrouvé des inscriptions consacrées en ex voto par des malades qui avaient été guéris, de cette façon. On consultait aussi les oracles d’Amphiaraos, de Calchas, de Mopsos et de quelques autres de-