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vèle. L’autre appartient à l’homme, c’est sa volonté éclairée par l’infaillible révélation de la conscience, l’occasion ne la domine pas, car dans les mêmes circonstances l’un choisit le bien, l’autre le mal. L’usage continuel que les Grecs faisaient de la divination ; n’étouffa jamais cet intime et sentiment profond de la liberté humaine qui était la conséquence de leur système religieux. Tous les auteurs s’accordent même pour attester l’influence morale des oracles. C’est l’oracle de Dodone qui avait dit :

« Respecte les suppliants ; car ils sont sacrés et purs. »

Interrogée une fois sur le plus heureux des hommes, la pythie nomma Phémios, qui venait de mourir pour sa patrie. A une question semblable adressée par Gygès, roi de Lydie, le dieu répondit en nommant Aglaos de Psophis, un vieillard qui cultivait un petit champ en Arcadie. Élien raconte l’histoire de trois jeunes gens qui avaient été attaqués par des brigands en venant consulter l’oracle de Delphes ; l’un s’était sauvé, l’autre avait tué le troisième compagnon, en voulant le défendre. La Pythie répondit au premier :

« Tu as laissé mourir ton ami, sans le secourir, je ne te répondrai pas ; sors de mon temple. »

Et au second qui la consultait à son tour :

« Tu as tué ton ami en le défendant, mais le sang ne t’a pas souillé : tes mains sont plus pures qu’auparavant. » (Elien, Hist. var.)

Selon le même auteur, les Sybarites ayant tué un chanteur au-