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bable que la nature et l’intensité du son donnaient lieu à des observations fatidiques sur l’état de l’atmosphère.

L’oracle de Dodone était donc un véritable observatoire météorologique ; sa grande réputation remonte à l’époque la plus ancienne de l’histoire grecque, c’est-à-dire à un temps où l’avenir d’une récolte était pour chaque tribu une question de vie ou de mort, car on n’avait pas la ressource de faire venir du blé de l’étranger. La préoccupation continuelle était la crainte des orages. Or, non seulement les oiseaux, mais les personnes d’un tempérament nerveux, les femmes, les malades sont surtout accessibles aux influences de l’atmosphère. Cette sensibilité nerveuse exceptionnelle était donc regardée comme un bienfait des dieux ; on consultait ceux qui la possédaient comme on consulte aujourd’hui un baromètre. Une longue expérience pouvait aussi s’ajouter à des dispositions organiques spéciales ; il y a encore aujourd’hui dans toutes les campagnes de vieux paysans qui prédisent les changements du temps et qui se trompent rarement. Si les anciens attribuaient trop facilement une faculté générale de divination à ceux dont les prévisions avaient été souvent réalisées, il n’y a rien là qui doive nous étonner. Des vieillards habitués à observer les faits naturels pouvaient apporter la même sagacité dans les questions morales ; ils pouvaient donner d’excellents conseils aux jeunes gens dans les incertitudes de la vie, et eux-mêmes devaient se croire très sincèrement des guides