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ces guides inconscients, mais infaillibles, les oiseaux surtout, si sensibles aux moindres variations atmosphériques, et qui semblent prévoir le changement des saisons, comme le prouvent leurs migrations régulières ? Dans la langue poétique des légendes, tous les devins fameux, Tirésias, Amphiaraos, Mopsos, comprennent la langue des oiseaux, c’est-à-dire qu’ils savent interpréter leur vol. En étudiant, cette langue muette, les anciens ont pu s’égarer quelquefois, et prendre des coïncidences fortuites pour des rapports nécessaires, mais il y avait là les éléments d’une science, et des tribus pastorales et agricoles, vivant toujours en plein air, intéressées à tenir compte des moindres circonstances, pouvaient observer mieux que nous la vie intime de la nature et saisir des relations mystérieuses qui nous échappent aujourd’hui. S’il est vrai que la Météorologie, la science qui intéresse le plus directement l’agriculture, et par conséquent la vie humaine, soit encore dans l’enfance, et qu’on ne puisse même aujourd’hui prévoir les orages, on peut bien pardonner à l’Antiquité, d’avoir, préféré aux résultats lointains de l’expérience l’instinct de la divination.

Hérodote suppose que les colombes noires de Dodone étaient des femmes égyptiennes qui auraient introduit en Grèce le culte de Zeus et fondé l’oracle. C’est une de ces hypothèses qu’Hérodote admettait trop facilement sur la foi des prêtres égyptiens. Les Pélasges n’avaient pas besoin d’une influence étrangère pour