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tante de la théurgie alexandrine. Eunapios rapporte qu’un Égyptien ayant évoqué Apollon, tous les assistants furent frappés de crainte ; mais Jamblique, plus habile à discerner les apparitions, leur dit :

« Ne vous étonnez pas mes amis ; ce n’est que le spectre d’un gladiateur. »

Le même Jamblique, se promenant avec ses disciples près des thermes de Gadara, évoqua devant eux les deux démons de l’amour, Érôs et Antérôs.

Enveloppée par les empereurs chrétiens dans la proscription du polythéisme, la magie fut seule exceptée des édits de tolérance de Jovien et de Valentinien. Transportée en Occident, elle ajouta aux anges et aux diables de la mythologie chrétienne les fées, les elfes, et tout ce qui restait des vieilles traditions de la Gaule et de la Germanie. Elle devint le dernier asile des religions condamnées, elle résista aux bûchers du Moyen âge, et c’est à peine si elle a pu être déracinée par le mouvement scientifique du XVIIIe siècle.

Sans doute ce qui en reste encore dans nos campagnes ne mérite pas un regret ; le charlatanisme y tient bien plus de place que les esprits élémentaires. Cependant ces vieilles croyances ne sont pas entièrement éteintes ; après avoir protesté contre l’unité inflexible du dogme, elles protestent contre l’hypothèse de l’inertie de la matière. Sommes-nous bien sûrs d’avoir raison contre le peuple, et cette