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gion officielle. De même, en Grèce, les poètes racontaient les histoires merveilleuses de Médée et de Circé ; il y avait aussi des espèces d’enchanteurs appelés Goètes. Leur réputation était assez mauvaise, mais on ne les brûlait pas ; on les laissait vendre des philtres, des formules d’incantation, évoquer les esprits, se changer en loups et faire descendre la Lune du ciel. Tout cela était en dehors du culte public, et n’avait pas plus d’importance que n’en ont chez nous les tables tournantes et les esprits frappeurs. Après la conquête d’Alexandre, les Mages, les Égyptiens, les Chaldéens répandirent en Grèce de nouvelles formes de sorcellerie qui eurent beaucoup de vogue. Au moyen de quelques paroles en langue barbare, les marchands d’exorcismes et de sortilèges prétendaient forcer les Puissances de la nature à leur apparaître, à leur répondre et à leur obéir. Pythagore et Platon, développant un passage d’Hésiode sur les démons, en avaient tiré une démonologie assez analogue au système mazdéen. La magie, ou science des Mages, ne pouvait donc manquer de trouver du crédit parmi les philosophes ; les platoniciens d’Alexandrie étaient de véritables thaumaturges. Porphyre raconte que Plotin évoqua son propre démon dans le temple d’Isis, à Rome, et que la forme qui apparut fut celle d’un dieu ; preuve de la haute dignité morale de ce philosophe, qui avait un dieu pour ange gardien. La connaissance de la hiérarchie des esprits était une branche impor-