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sacerdotales y étaient plus nombreuses que dans aucune ville de la Grèce. Mais leur existence ne mettait pas plus la liberté en péril qu’il n’y aurait de danger pour nous a ce que le métier de bedeau ou de suisse d’église fût héréditaire. Les droits politiques étaient les mêmes pour tous ; en dehors de ces droits qui constituaient la société, le peuple voyait sans jalousie des distinctions inoffensives. Il avait des familles anciennes et illustres qui briguaient l’honneur de le servir, et jamais roi n’a eu de courtisans plus nobles que n’étaient les Eupatrides. Il avait des citoyens riches pour lui donner des fêtes, payer les impôts qu’il votait et remplir les charges publiques, ou plutôt les supporter, car au lieu d’êtres rétribuées elles étaient souvent fort lourdes, celle de chorège, par exemple. Quant aux pauvres, ils votaient les impôts, mais ne les payaient pas ; ils nommaient des magistrats toujours responsables, leur faisaient rendre des comptes, décidaient la paix et la guerre, faisaient les lois, rendaient la justice, et contents de leur liberté sans limites n’enviaient rien à personne.

A la vérité cette toute puissance du peuple avait souvent à lutter contre des trahisons et des résistances, et la gloire de la démocratie d’Athènes est de n’avoir jamais cédé devant les obstacles d’avoir toujours conservé la modération dans la victoire, témoin l’amnistie de Thrasybule. Mais si des factions aristocratiques ont souvent conspiré avec l’appui des étrangers, on ne voit nulle part de trace d’une faction sacerdotale. Les prêtres